L’issue d’un coup et la taille d’un pot se déterminent souvent à la turn, la quatrième carte sur le board, car c’est à ce moment là que les mises commencent à être importantes et que des erreurs sont commises. Il s’agit donc du meilleur moment pour l’emporter sur les joueurs faibles et empocher des pots importants!
Au Texas Hold’em No-Limit, la quatrième carte du board est celle où les premières grosses relances sont souvent effectuées. Les mises au flop sont fréquemment assez faibles pour que vous puissiez suivre avec une main spéculative, comme une petite paire ou un tirage, mais au turn, la partie devient vraiment intéressante.
Au turn, à moins que des mises trop faibles ne soient effectuées, une stratégie wait-and-see devient alors trop coûteuse et trop risquée, il faut attaquer!
Non seulement les tailles des relances au turn sont plutôt importantes, mais elles ont aussi davantage d’impact en raison d’un « effet de levier ». En effet, suivre une mise au turn ne vous mènera pas à l’abattage. Cela vous permet seulement d’accéder à la river où vous pourriez devoir payer une mise encore plus forte pour voir les cartes de votre adversaire.
Par exemple, dans une partie de cash game, si quelqu’un avec un tapis de 500 € mise 150 € au turn, il vous dit tout simplement : “Pour l’instant c’est 150 € et, à la rivière, ça pourrait être 350 € de plus”.
En pratique, de nombreux joueurs jouent mal au turn et à la river et ne savent pas utiliser cet effet de levier, mais King of Poker vous propose aujourd’hui quatre conseils pour vous aider à tirer profit des erreurs des autres.
#1 Suivre au turn en position avec des mains marginales et une stratégie wait-and-see
Nous avons expliqué qu’adopter une stratégie « wait-and-see » au turn était trop coûteuse mais maintenant, nous affirmons que c’est ce que vous devriez faire ! Pourquoi ?
En fait, cette stratégie peut s’avérer coûteuse car vous ne pouvez pas suivre des mises au turn si vos adversaires effectuent souvent de grosses mises à la river, donc veillez à bien analyser les coups précédents, surtout si vous n’y participez pas. N’hésitez pas à parler à vos adversaires pour glaner des informations, voire pour identifier des tells.
En effet, de nombreux joueurs jouent mal à la river. Ils y jouent de manière trop passive, bluffant rarement et ne misant qu’avec des mains fortes. Cette tendance réduit presque à néant leur effet de levier au turn, car vous n’avez plus grand-chose à craindre de leur mise. La plupart du temps, vos adversaires checkeront et quand ils miseront, du moins quand ils miseront gros, vous ferez face à une main monstrueuse et vous pourrez alors vous coucher. Sans regrets.
S’ils checkent à la rivière, checkez en retour. Vous pouvez suivre avec des tirages dans les mêmes circonstances, mais l’idée serait plutôt d’effectuer un gros bluff à la rivière si vous ratez votre tirage et que votre adversaire check.
Si votre adversaire était plus agressif à la river, ces calls marginaux ne marcheraient pas. Trop souvent, vous seriez forcé de vous coucher face à une relance à tapis mais des adversaires passifs permettent de jouer avec plus de flexibilité et de vous emparer de pots que vous n’auriez pas dû gagner.
#2 Checkez vos tirages au turn si vous n’êtes pas prêt à miser à la rivière
C’est le corollaire du conseil n° 1! Ne soyez pas ce joueur qui joue les durs au turn avant de se dégonfler à la river! Vous avez sans doute déjà entendu un joueur dire : « Vous auriez dû vous coucher face à la mise au turn ! » après que son tirage ait échoué et que quelqu’un d’autre ait empoché le pot avec une paire moyenne en mains.
Il s’agit probablement d’un joueur faible qui se contente de suivre des mises au turn pour voir s’il va améliorer à la river. Mais quand les joueurs qui bluffent au turn sont trop timides pour continuer à la river, le joueur faible suit sans le savoir le conseil n° 1 en suivant au turn.
Les joueurs agressifs attaquent leurs tirages au turn et, s’ils sont suivis, ils misent parfois aussi à la river quand ils ratent leurs tirages. Ils n’attaquent, certes, pas tous leurs tirages au turn, et ils ne misent pas toujours à la rivière quand ils ratent, mais ils misent à chaque possibilité, et ce assez souvent pour tirer profit de l’effet de levier et punir les joueurs qui suivent au turn avec une attitude wait-and-see.
Si vous n’êtes pas disposé à miser parfois à la rivière, ne bluffez pas au turn!
A propos des stratégies de bluff, nous vous invitons à lire nos dossiers sur le bluff au poker, voire celui sur le semi-bluff et le floating-bluff, qui pourraient vous aider à mieux cerner ces mouvements.
#3 Checkez au turn avec de bonnes mains contre les joueurs très serrés
Les joueurs très serrés n’engagent pas leurs tapis sans une main très forte.
Ils comprennent aussi très bien le principe de l’effet de levier. Ils considèrent la relance au turn, vérifient l’argent qui leur reste et calculent combien ils pourraient perdre si les choses tournaient mal. Ils couchent des paires max au turn face à des grosses mises et de gros tapis.
Si vous aviez une main forte comme un brelan contre un joueur large ou normal, vous auriez généralement intérêt à miser à chaque tour pour en tirer la valeur maximale. Mais, contre un joueur très serré, il vous faut envisager de checker au turn.
Faites preuve d’une faiblesse apparente. Votre adversaire sera toujours effrayé par votre mise à la rivière mais il se peut qu’il doute suffisamment pour vous défier.
N’abusez pas de cette technique : De belles mains impliquent des pots importants, et la meilleure manière de constituer un gros pot est de miser au turn mais, sur certaines parties, contre des joueurs très serrés, votre adversaire abandonnera presque toutes les mains plus faibles que la vôtre. Dans ce cas, envisagez donc de checker.
Un petit résumé?
La plupart des joueurs de Texas Hold’em sont trop passifs à la river et souvent au turn, ce qui n’est pas une bonne attitude à adopter dans la majorité des cas.
Concrètement, le mieux que nous puissions vous conseiller tiens en quelques lignes:
- Si quelqu’un a suivi votre continuation-bet au flop et qu’une carte quelconque tombe au turn, misez.
- Si vous avez effectué un semi-bluff et qu’une carte quelconque tombe au turn, misez.
- Si vous avez floppé une paire max et qu’un adversaire a suivi, misez encore au turn.
- Si votre adversaire a misé au flop, que vous avez suivi et qu’il a checké au turn, misez aussi.
Naturellement, cela ne se résume pas tout le temps à “miser, miser, miser” mais si vous êtes un joueur passif, vous allez vous faire avoir. Essayez de miser dans ces situations (et dans d’autres) et voyez ce qui se passe. Il est probable que vous soyez agréablement surpris!
Les relances au poker sont extrêmement importantes, nous avons d’ailleurs consacré plusieurs articles sur ce thème dont “les relances pré-flop” et un article répondant à la question “pourquoi faut-il toujours relancer au poker?”, n’hésitez pas à y jeter un oeil!
Crédit Photo: Ivan C.